Dévoilement d'une agression sexuelle
Il peut être difficile de partager une expérience comme une agression sexuelle : tu peux ressentir de la honte, de la culpabilité, de la tristesse, de la peur, des doutes, de l'incertitude ou encore une perte de repères. Plusieurs obstacles peuvent rendre difficile le fait de dévoiler une agression sexuelle.
Tu n’es pas certain.e que ce que tu as vécu est une agression sexuelle?
Consulte cette page pour avoir plus de détails sur ce qu'est une agression sexuelle.
La violence sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique, psychologique ou à la sécurité de la personne. Personne ne devrait vivre d’agression et de violence sexuelle.
Sache que si tu as vécu ce genre de situation, tu as raison de ne pas t’être senti.e bien. Souviens-toi que le respect de notre corps et de nos limites, c’est plus qu’important et ce sera toujours grave si cela n'est pas respecté. Si tu as vécu une agression sexuelle, n’hésite pas à en parler à un.e adulte de confiance autour de toi (parent, proche, intervenant.e.s et professionnel.le.s à l’école, au CLSC, à Tel-jeunes, etc.).
Tu as l’impression d’être seul.le à vivre ce genre de situation
Sache que tu n’es pas seul.e à vivre ce genre de situation. 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 10 rapportent avoir été victime d’agression sexuelle avant l’âge de 18 ans. Dans environ de 85% des cas d’agression sexuelle, l’agresseur.se est connu.e de la victime.
D'autres obstacles au dévoilement d'agression sexuelle
Il se peut que la personne fasse partie de ton entourage et que tu as peur des conséquences pour toi et ta famille.
Il se peut que la personne qui t’a agressé.e te fasse des menaces pour ne pas être dénoncée. Il est aussi possible qu’elle tente de te faire sentir coupable pour les gestes qu’elle a commis, car elle craint les conséquences.
Si tu risques ou crains de revoir cette personne qui t’a agressé.e (ex : si elle habite avec toi ou lors d’un événement familial), c’est important d’en parler parce qu’on ne veut pas que ça t’arrive encore et que c’est important que des adultes puissent te protéger, t’aider et te permettre de ne pas rester seul.e avec ta souffrance. Alors parles-en à un adulte de confiance ou à Tel-jeunes! Il y a des gens autour de toi qui sont là pour toi, pour t’accueillir, t’écouter et d’aider.
Les préjugés et stéréotypes véhiculés dans la société, dans les médias et par les gens autour de nous, peuvent nuire au fait de dévoiler une agression sexuelle. Ces mythes alimentent la peur de ne pas être cru.e, que les gens pensent qu’on ment ou d’être jugé.e pour ce qui s’est passé. Il existe des mythes sur le consentement, sur la réaction qu’on aurait dû avoir, la façon dont on aurait dû agir, ce qu’on portait, sur le statut (réputation) de la personne qui a commis les gestes d’agression, etc.
Certains commentaires peuvent véhiculer ces préjugés et ces mythes comme : « lui as-tu dit non? », « lui as-tu montré que tu ne voulais pas? », « Qu’est-ce que tu portais? » « Es-tu certain.e que tu ne voulais pas? », « si tu n’avais vraiment pas voulu, tu l’aurais repoussé.e/ tu te serais débattu.e », « Il.elle n’aurait pas fait ça! Il.elle est tellement gentil.le », « as-tu pensé à la gravité de tes accusations, aux conséquence que ça peut avoir sur la vie de l’agresseur.se », « est-ce que ça vaut la peine de gâcher sa réputation et son avenir pour ça? », etc.
Ces préjugés et stéréotypes ont malheureusement comme conséquence de protéger l’agresseur.se, alors qu’on devrait plutôt protéger les victimes, et dans certains cas, de blâmer la victime, alors qu’on devrait plutôt blâmer l’agresseur.se. Surtout, ça peut faire en sorte que les victimes n’osent pas parler de ce qu’elles ont subi, alors que ce qu’elles ont vécu est grave et en aucun cas de leur faute.
N’hésite pas à reparler de ta situation jusqu’à ce que tu trouves quelqu’un qui est en mesure de t’accueillir sans préjugés. Si tu ne trouves personne dans ton entourage, il existe des ressources (dont Tel-jeunes) qui sauront t’écouter sans jugement et t’aider.
Sache que tout le monde réagi différemment face à une situation qui nous surprend, comme une agression sexuelle. On peut figer par surprise, se laisser faire par crainte d’empirer la situation, participer en se disant que ce sera plus vite terminé, etc. Tu n’as pas à te sentir coupable de la façon dont tu as réagi. Quand on envoie des signaux comme détourner le regard, figer, pleurer, quand on ne répond pas avec notre corps et qu’on participe avec peu ou sans enthousiasme à l’activité sexuelle ou qu’on exprime une hésitation, ce sont des signaux clairs que l’autre personne doit entendre et prendre en considération. C’est la responsabilité de l’autre de valider ton consentement.
On peut se sentir coupable parce qu’on se dit qu’on avait accepté de faire certaines choses. Par exemple, on avait envie de l’embrasser, mais pas de se faire caresser, mais comme on l’a embrassé, on se dit que c’est un peu de notre faute (qu’on l’a « cherché »). Ce mythe trop présent cause beaucoup de tort parce qu’il amène les victimes à ne pas parler. Sache que ton consentement est important. Tu as le droit d’avoir envie et d’accepter de faire certaines choses et de ne pas avoir envie et de refuser de faire d’autres choses. Tu as aussi le droit d’avoir envie de faire quelque chose, ne pas aimer ça et vouloir arrêter. Ton partenaire a l’obligation de s’assurer de ton consentement à TOUT moment et pour TOUS les comportements sexuels et de le respecter.
On peut aussi avoir honte parce que ça rejoint certains tabous (ex : l’homosexualité quand on a été agressé par une personne de même sexe), qu’on s’est senti.e utilisé.e, humilié.e, inférieur.e, qu’il s’agit d’un membre de ma famille, à cause de la façon dont notre corps a réagi (j’ai vécu de l’excitation ou même un orgasme pendant l’agression sexuelle), du temps dont on a eu besoin pour en parler (j’en ai pas parlé à personne directement après l’agression mais quelques semaines/mois /années plus tard), etc.
Rappelle-toi que les sentiments de honte et de culpabilité sont souvent vécus par les victimes d’agression sexuelle, que le silence a souvent pour effet d’amplifier ces sentiments, mais que tu n’as pas à avoir honte ou à te sentir coupable de quoi que ce soit. Ce n’est JAMAIS de la faute de la victime. Le.la seul.e responsable de ce qui s’est passé et de ce que tu as subi est l’agresseur.se. C’est pourquoi parler à une personne de confiance est si important.
Ça peut être très difficile de divulguer qu’on a vécu une agression sexuelle quand notre agresseur.se est une personne de confiance : un.e amie., un chum ou une blonde, un membre de la famille, etc. On peut avoir l’impression d’être pris dans la situation, on ne veut pas faire de peine à personne, on est mélangé.e parce que c’est une personne qu’on aime et elle nous a fait du tort. On peut aussi penser aux conséquences que ça peut avoir sur nous et sur l’autre, on ne veut pas ternir sa réputation, cette personne peut être aimée et estimée de notre entourage, etc. Si tu ressens des sentiments contradictoires envers ton agresseur.se, ça peut être plutôt mélangeant, mais ce sont des sentiments tout à fait légitimes.
Rappelle-toi que ce sera toujours grave si quelqu’un ne respecte pas tes limites. Peu importe que ce soit un.e amie, un parent, quelqu’un de ta famille, ton chum, ta blonde ou un inconnu. Même si c’est une personne dont tu es proche et en qui tu avais confiance, ce qu’elle t’a fait est inacceptable. N’hésite pas à en parler avec des gens autour de toi ou à contacter des ressources (dont Tel-jeunes) qui sauront t’écouter sans jugement et t’aider à faire face à ces sentiments contradictoires.
La peur d’enclencher des démarches judiciaires et des conséquences que ça aura sur nous et notre famille peut nous bloquer et nous faire hésiter à dévoiler une agression sexuelle. Sache que c’est important pour certaines personnes de dénoncer leur agresseur.se, mais que tu as le droit de ne pas avoir envie ou de ne pas être prêt.e à porter plainte.
En fait, au sens de la loi, toute agression sur une personne mineure (moins de 18 ans) doit d’être rapportée pour protéger les personnes mineures. Tu peux tout de même demander à ce qu’on respecte ton rythme dans les étapes à venir afin de te sentir sécurisé.e et soutenu.e à travers la démarche. L’important, c’est d’abord de prendre soin de toi, de trouver des moyens pour t’aider à passer à travers cette épreuve difficile. C’est important de parler de ton rythme, de ce que tu sens et ce que tu veux à un adulte de confiance. Le travail des adultes à qui tu te confies est de te faire sentir bien et respecté.e dans ton dévoilement d’agression sexuelle.
Un premier pas important est d’en parler à un adulte de confiance, comme un parent, un proche, un.e intervenant.e du CLSC, de la DPJ, du CALACS le plus près de chez toi, de Tel-jeunes ou un.e professionnel.le comme un médecin ou un.e psychologue. Toutes ces personnes sont là pour t’aider, te protéger, bien t’informer sur les démarches et te guider dans les étapes suivantes.
Quoi faire si un.e ami.e nous dévoile une agression sexuelle?
- Le plus important est d’écouter ouvertement ce qu’il.elle vit, sans le.la juger
- Fais-lui comprendre que tu la ou le CROIS! Tu peux lui faire comprendre en ne posant pas des questions trop intimes sur des détails spécifiques, et en ne remettant pas en question les événements
- Rappelle-lui que tu es là pour lui.elle
- Félicite-la d’en parler (« tu es vraiment courageux.se de me dire tout ça » « tu fais vraiment bien d’en parler », « tu as pris la bonne décision d’en parler », « Je te remercie pour ta confiance »)
- Laisse-le.la te parler avec ses propres mots, sois à l’écoute de ses émotions et respecte son rythme; Ne lui demande pas comment elle a réagi, mais plutôt comment elle s’est sentie, et réfère-le.la à un adulte qui pourra être là pour lui.elle, afin de bien l’accompagner et l’aider.
- Rassure-la et rappelle-lui que ce n’est pas sa faute et que l’agresseur.se est le.la seul.e responsable de ce qui s’est passé
- Ne lui promets pas que tu vas garder le secret. Tu peux lui dire que tu n’en parleras pas à n’importe qui (ex : à votre gang d’ami.es). Mais dis-lui aussi que ce qu’il.elle te dit est important, que ça t’inquiète et que ce serait important d’en parler avec un adulte qui pourra être là pour lui.elle, afin de bien l’accompagner et l’aider. Exemples : « Je ne veux pas te laisser seul.e dans ce genre de situation, c’est important de trouver quelqu’un qui pourra t’aider. » « Je suis content.e que tu me fasses confiance en me racontant ton secret. Qu’est-ce que tu en penses si on allait en parler à… », « À mon avis, ce serait important que tu reçoives aussi l’aide d’un adulte, qu’en penses-tu? » « Je ne sais pas trop ce qu’il faut faire dans ce genre de situation et je pense qu’il y a des solutions. Que penses-tu d'en parler à…? » « Je comprends que tu ne veuilles pas en parler, mais ton secret est trop important pour qu’on reste seul.e avec. » « Je ne te laisserai pas dans cette situation sans rien faire et je serai là pour t’aider, mais on a besoin d’un coup de main d’une personne supplémentaire. »
- Encourage-la à obtenir des ressources qui l’aideront (parents, intervenant.es et professionnel.les de l’école, du CLSC, de Tel-jeunes, du CALACS de votre région, etc.)
Un.e ami.e te dit avoir posé des gestes déplacés envers quelqu’un ou commis une agression sexuelle
- Tu as le droit de ressentir de la confusion, de la peine, de la colère ou tout ça en même temps
- Tu as le droit de te sentir ambivalent.e par rapport à ce que tu devrais faire concernant cet.te ami.e
- Tu as le droit de prendre un temps de pause, ou de t’éloigner de cette personne si c’est comme ça que tu le ressens
- Tu as le droit d’avoir envie de rester son ami.e
- Tu as le droit de modifier ta relation avec lui.elle et de l’aider à comprendre ses comportements
- Ne promets pas que tu vas garder le secret. Encourage ton ami.e à en parler à un adulte de confiance pour qu’il.elle puisse recevoir de l’aide ou n’hésite pas à toi-même aller voir un adulte pour en parler.