10 obstacles fréquents au dévoilement d'une agression sexuelle

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Dévoiler une agression sexuelle peut être très difficile à faire et la décision de parler de ce qui s’est passé ne tient qu’à la personne victime. Il existe plusieurs obstacles qui peuvent décourager ou faire peur au moment de dénoncer une violence sexuelle, mais souviens-toi que tu n’es jamais seul.e si ça t’arrive.

Tu te demandes si tu as réellement vécu une agression sexuelle

La violence sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique, psychologique ou à la sécurité de la personne. Personne ne devrait vivre d’agression et de violence sexuelle. Consulte cette page pour avoir plus de détails sur ce qu'est une agression sexuelle.

 

Sache que si tu as vécu ce genre de situation, tu as raison de ne pas t’être senti.e bien. Souviens-toi que le respect de notre corps et de nos limites, c’est plus qu’important et ce sera toujours grave si cela n'est pas respecté. Si tu as vécu une agression sexuelle, n’hésite pas à en parler à un.e adulte de confiance autour de toi (parent, proche, intervenant.e.s et professionnel.le.s à l’école, au CLSC, à Tel-jeunes, etc.).

 

Tu as l’impression d’être seul.le à vivre ce genre de situation

Sache que tu n’es pas seul.e à vivre ce genre de situation. 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 10 rapportent avoir été victime d’agression sexuelle avant l’âge de 18 ans. Dans environ de 85% des cas d’agression sexuelle, l’agresseur.se est connu.e de la victime.

 

L’agresseur.se est une personne que tu connais et qui est proche de toi (parent, ami.e, proche, famille, voisin.e, etc.)

Il se peut que la personne fasse partie de ton entourage et que tu as peur des conséquences pour toi et ta famille.

 

Il se peut que la personne qui t’a agressé.e te fasse des menaces pour ne pas être dénoncée. Il est aussi possible qu’elle tente de te faire sentir coupable pour les gestes qu’elle a commis, car elle craint les conséquences.

 

Si tu risques ou crains de revoir cette personne qui t’a agressé.e (ex : si elle habite avec toi ou lors d’un événement familial), c’est important d’en parler parce qu’on ne veut pas que ça t’arrive encore et que c’est important que des adultes puissent te protéger, t’aider et te permettre de ne pas rester seul.e avec ta souffrance. Alors parles-en à un adulte de confiance ou à Tel-jeunes! Il y a des gens autour de toi qui sont là pour toi, pour t’accueillir, t’écouter et d’aider.

 

Tu as peur de ne pas être cru.e, de la réaction des autres et du jugement

Les préjugés et stéréotypes véhiculés dans la société, dans les médias et par les gens autour de nous, peuvent nuire au fait de dévoiler une agression sexuelle. Ces mythes alimentent la peur de ne pas être cru.e, que les gens pensent qu’on ment ou d’être jugé.e pour ce qui s’est passé. Il existe des mythes sur le consentement, sur la réaction qu’on aurait dû avoir, la façon dont on aurait dû agir, ce qu’on portait, sur le statut (réputation) de la personne qui a commis les gestes d’agression, etc.

 

Certains commentaires peuvent véhiculer ces préjugés et ces mythes comme : « lui as-tu dit non? », « lui as-tu montré que tu ne voulais pas? », « Qu’est-ce que tu portais? » « Es-tu certain.e que tu ne voulais pas? », « si tu n’avais vraiment pas voulu, tu l’aurais repoussé.e/ tu te serais débattu.e », « Il.elle n’aurait pas fait ça! Il.elle est tellement gentil.le », « as-tu pensé à la gravité de tes accusations, aux conséquences que ça peut avoir sur la vie de l’agresseur.se », « est-ce que ça vaut la peine de gâcher sa réputation et son avenir pour ça? », etc.

 

Ces préjugés et stéréotypes ont malheureusement comme conséquence de protéger l’agresseur.se, alors qu’on devrait plutôt protéger les victimes, et dans certains cas, de blâmer la victime, alors qu’on devrait plutôt blâmer l’agresseur.se. Surtout, ça peut faire en sorte que les victimes n’osent pas parler de ce qu’elles ont subi, alors que ce qu’elles ont vécu est grave et en aucun cas de leur faute.

 

N’hésite pas à reparler de ta situation jusqu’à ce que tu trouves quelqu’un qui est en mesure de t’accueillir sans préjugés. Si tu ne trouves personne dans ton entourage, il existe des ressources (dont Tel-jeunes) qui sauront t’écouter sans jugement et t’aider.

 

J’en ai parlé et on ne m’a pas cru/on a pris le bord de l’agresseur.e

Il arrive que certaines personnes ne réagissent pas de façon aidante. Il se peut que ce soit parce qu’ils sont en état de choc face à la nouvelle (je ne peux pas croire qu’il ou elle a pu faire ça), que l’agresseur.se est une personne qu’ils connaissent et aiment, qu’ils ne veulent pas que ça crée des conflits ou des tensions (si tu parles ça va perturber les choses) ou autres. Il est difficile de dévoiler qu’on a été victime d’agression, encore plus si on n’a pas été bien reçu.e en le faisant. Souviens-toi que c’est important de te tourner vers d’autres adultes pour en parler, car c’est important d’en parler jusqu’à temps que quelqu’un te croit, t’accueille sans préjugés et qu’il ou elle t’accompagne pour faire les démarches nécessaire pour te protéger et prévenir que l’agresseur.e commette encore ces gestes. Tu n’as pas à rester seul.e avec ça et tu as le droit d’être cru.e.

 

Si tu ne trouves personne dans ton entourage, il existe des ressources (dont Tel-jeunes) qui sauront t’écouter sans jugement et t’aider.

 

Tu ressens de la honte ou de la culpabilité face aux gestes subis ou à la façon dont tu as réagi

Sache que tout le monde réagi différemment face à une situation qui nous surprend, comme une agression sexuelle. On peut figer par surprise, se laisser faire par crainte d’empirer la situation, participer en se disant que ce sera plus vite terminé, etc. Tu n’as pas à te sentir coupable de la façon dont tu as réagi. Quand on envoie des signaux comme détourner le regard, figer, pleurer, quand on ne répond pas avec notre corps et qu’on participe avec peu ou sans enthousiasme à l’activité sexuelle ou qu’on exprime une hésitation, ce sont des signaux clairs que l’autre personne doit entendre et prendre en considération. C’est la responsabilité de l’autre de valider ton consentement.

 

On peut se sentir coupable parce qu’on se dit qu’on avait accepté de faire certaines choses. Par exemple, on avait envie de l’embrasser, mais pas de se faire caresser, mais comme on l’a embrassé, on se dit que c’est un peu de notre faute (qu’on l’a « cherché »). Ce mythe trop présent cause beaucoup de tort parce qu’il amène les victimes à ne pas parler. Sache que ton consentement est important. Tu as le droit d’avoir envie et d’accepter de faire certaines choses et de ne pas avoir envie et de refuser de faire d’autres choses. Tu as aussi le droit d’avoir envie de faire quelque chose, ne pas aimer ça et vouloir arrêter. Ton partenaire a l’obligation de s’assurer de ton consentement à TOUT moment et pour TOUS les comportements sexuels et de le respecter.

 

On peut aussi avoir honte parce que ça rejoint certains tabous (ex : l’homosexualité quand on a été agressé par une personne de même sexe), qu’on s’est senti.e utilisé.e, humilié.e, inférieur.e, qu’il s’agit d’un membre de ma famille, à cause de la façon dont notre corps a réagi (j’ai vécu de l’excitation ou même un orgasme pendant l’agression sexuelle), du temps dont on a eu besoin pour en parler (j’en ai pas parlé à personne directement après l’agression mais quelques semaines/mois /années plus tard), etc.

 

Rappelle-toi que les sentiments de honte et de culpabilité sont souvent vécus par les victimes d’agression sexuelle, que le silence a souvent pour effet d’amplifier ces sentiments, mais que tu n’as pas à avoir honte ou à te sentir coupable de quoi que ce soit. Ce n’est JAMAIS de la faute de la victime. Le.la seul.e responsable de ce qui s’est passé et de ce que tu as subi est l’agresseur.se. C’est pourquoi parler à une personne de confiance est si important.

 

Tu te sens mélangé.e parce que tu as des sentiments positifs envers la personne qui t’a aussi fait du mal

Ça peut être très difficile de divulguer qu’on a vécu une agression sexuelle quand notre agresseur.se est une personne de confiance : un.e amie., un chum ou une blonde, un membre de la famille, etc. On peut avoir l’impression d’être pris dans la situation, on ne veut pas faire de peine à personne, on est mélangé.e parce que c’est une personne qu’on aime et elle nous a fait du tort. On peut aussi penser aux conséquences que ça peut avoir sur nous et sur l’autre, on ne veut pas ternir sa réputation, cette personne peut être aimée et estimée de notre entourage, etc. Si tu ressens des sentiments contradictoires envers ton agresseur.se, ça peut être plutôt mélangeant, mais ce sont des sentiments tout à fait légitimes.

 

Rappelle-toi que ce sera toujours grave si quelqu’un ne respecte pas tes limites. Peu importe que ce soit un.e amie, un parent, quelqu’un de ta famille, ton chum, ta blonde ou un inconnu. Même si c’est une personne dont tu es proche et en qui tu avais confiance, ce qu’elle t’a fait est inacceptable. N’hésite pas à en parler avec des gens autour de toi ou à contacter des ressources (dont Tel-jeunes) qui sauront t’écouter sans jugement et t’aider à faire face à ces sentiments contradictoires.

 

Tu n’as pas envie ou tu as peur d’enclencher des démarches judiciaires (ex : porter plainte) et des conséquences pour toi-même et pour ta famille

La peur d’enclencher des démarches judiciaires et des conséquences que ça aura sur nous et notre famille peut nous bloquer et nous faire hésiter à dévoiler une agression sexuelle. Sache que c’est important pour certaines personnes de dénoncer leur agresseur.se, mais que tu as le droit de ne pas avoir envie ou de ne pas être prêt.e à porter plainte.

 

En fait, au sens de la loi, toute agression sur une personne mineure (moins de 18 ans) doit d’être rapportée pour protéger les personnes mineures. Tu peux tout de même demander à ce qu’on respecte ton rythme dans les étapes à venir afin de te sentir sécurisé.e et soutenu.e à travers la démarche. L’important, c’est d’abord de prendre soin de toi, de trouver des moyens pour t’aider à passer à travers cette épreuve difficile. C’est important de parler de ton rythme, de ce que tu sens et ce que tu veux à un adulte de confiance. Le travail des adultes à qui tu te confies est de te faire sentir bien et respecté.e dans ton dévoilement d’agression sexuelle.

 

Un premier pas important est d’en parler à un adulte de confiance, comme un parent, un proche, un.e intervenant.e du CLSC, de la DPJ, du CALACS le plus près de chez toi, de Tel-jeunes ou un.e professionnel.le comme un médecin ou un.e psychologue. Toutes ces personnes sont là pour t’aider, te protéger, bien t’informer sur les démarches et te guider dans les étapes suivantes.

 

C’est arrivé il y a longtemps

Oui! Il n’est jamais trop tard pour dénoncer une agression, même si celle-ci a eu lieu il y a plusieurs semaines, mois, années. La peur, la honte, la culpabilité, la manipulation, entre autres, peuvent faire en sorte qu’une personne garde le silence pendant longtemps avant de parler de ce qu’il lui est arrivé. Sache que tu fais toujours bien d’en parler peu importe ça fait combien de temps que ça s’est passé. Le fait d’en parler, peu importe le temps écoulé, peut-être très libérateur et nous permet également d’aller chercher l’aide et le soutien nécessaire pour passer à travers la souffrance, les blessures et les difficultés causées par l’agression.

 

Tu n’as pas dit non

Ne pas dire «non» clairement, ça ne veut pas dire qu’on est d’accord! On peut ne pas dire non parce qu’on est surpris.e ou déstabilisé.e ou parce qu’on ne se sentait pas à l’aise. Le consentement c’est aussi la responsabilité de l’autre de s’en assurer. Il revient donc à l’autre de s’assurer que tu dises oui et que c’est parce que tu en as envie. Si tu as vécu quelque chose que tu n’aimais pas, ne reste pas seul.e. Parles-en à un.e intervenant.e ou à quelqu'un de confiance dans ton entourage. Parfois, tu peux aussi décider de mettre les choses au clair: l’autre n’a peut-être pas compris. Il ne savait peut-être pas que tu n’étais pas à l’aise. Ça peut nous faire du bien de pouvoir s’affirmer même si c’est après coup, et ça peut aussi aider l’autre personne à prendre conscience de la responsabilité qu’il ou elle avait de s’assurer que tu étais confortable.