Pourquoi est-ce si difficile de demander de l'aide?

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Quel est ton premier réflexe quand ton ami.e ne va pas bien? Probablement de prendre un moment pour l’écouter ou lui changer les idées. Dans les situations plus inquiétantes, tu lui proposes peut-être aussi de parler à un.e adulte qui peut l’aider. Tu es sans doute soulagé.e qu’il ou elle choisisse de te parler plutôt que de rester seul.e avec ses problèmes. Étrangement, tu peux avoir du mal à appliquer ce principe à toi-même. Souvent, tu cherches à régler tes problèmes seul.e avant d’aller vers les autres. Qu’est-ce qui explique que ce soit si difficile de demander de l’aide ou juste de parler à quelqu’un ?

Les contextes qui rendent la demande d’aide difficile

Tu as l’impression de déranger.

Non, tu ne prends pas la place d’une autre personne qui en a plus besoin que toi. Si tu es au point de vouloir parler avec quelqu’un, c’est signe que ton problème est «assez gros» pour ça et que tu as de bonnes raisons de le faire : écoute-toi. Ne pas attendre que le problème ait pris trop d'ampleur avant de demander de l'aide, c'est vraiment courageux. C'est même très logique. Tu peux même commencer en disant ce que tu trouves difficile dans le fait de parler de ce que tu vis. Des personnes sont là pour toi, pour tes petits ou tes plus gros problèmes.  

 

C’est mal vu autour de toi.

Tes ami.e.s ou tes parents te disent que c’est «juste dans ta tête», que tu te plains pour rien, que d’autres vivent bien pire que toi… Tu as l’impression que tu vas les décevoir et qu’ils ou elles te trouveront faible si tu as besoin de parler à quelqu’un. Nos proches entretiennent parfois des préjugés sur la santé mentale ou les difficultés qu'on peut vivre et peuvent avoir des propos blessants. Si tes ami.e.s ou ta famille ridiculisent ou minimisent comment tu te sens, tu peux te demander si ce sont les meilleures personnes à qui te confier. Peut-être qu’ils et elles ne savent pas comment t’aider ou n’ont pas la même vision des choses que toi. Mais ça, ce ne sont pas des raisons qui doivent t’empêcher de demander de l’aide quand tu en as besoin. Tourne-toi vers des personnes neutres qui ne te jugeront pas, qui te croiront et considéreront ton point de vue, comme Tel-jeunes ou les intervenant.e.s de ton école. En plus, ce sont des ressources que tu peux contacter de façon autonome, sans avoir besoin de l’accord de tes parents. 

 

Tu as peur que tout le monde le sache.

La crainte qu’on divulgue un de tes secrets ou qu’on rit de toi peut définitivement t’enlever l’envie de partager ce que tu vis à quelqu’un. Rappelle-toi que sauf dans des circonstances exceptionnelles, des intervenant.e.s autour de toi sont tenu.e.s à la confidentialité. Sur le site de Tel-jeunes et sur plusieurs autres, tu peux aussi effacer les traces de tes recherches en ligne. 

 

Tu sens que tu dois éduquer la personne qui doit t’aider.

Sentir que les intervenant.e.s autour de toi n’ont pas les connaissances pour bien comprendre ce que tu vis (par exemple, les défis que tu rencontres comme personne de la communauté LGBTQ+ ou les microagressions dont tu es victime comme personne racisée), c’est frustrant et épuisant. Ça peut devenir très lourd de sentir que tu dois leur expliquer les détails d’une situation qui est quotidienne pour toi, et ce n’est pas un fardeau que tu devrais avoir à porter. Même si cette personne peut être bien intentionnée, n’hésite pas à le dire si ce n’est pas aidant pour toi et à demander à être référé.e à une personne qui serait mieux outillée pour t'aider.  Les propos violents ou discriminatoires contre ta personne ou ta communauté sont toujours inacceptables. Dans ce genre de situation, tu as le droit de porter plainte. Contacte Tel-jeunes si tu as besoin pour en discuter. 

 

4 questions pour t’aider à parler plus facilement

  • À qui? Identifie une personne qui t’inspire confiance. Ça peut être un modèle pour toi (ton coach, ta prof préférée, un.e adulte de ton entourage), ton ami.e le ou la plus proche, un groupe de personnes avec qui tu sens que tu peux être vraiment toi-même ou même une personne neutre qui en connaît peu sur toi.  
  • Où? Privilégie un endroit où tu pourras parler un peu plus librement, sans craindre que tes parents t’entendent ou que tes ami.e.s te voient si ce sont des freins pour toi. La maison des jeunes de ton quartier, les intervenant.e.s de ton école ou une ressource en ligne comme Tel-jeunes peuvent être de bonnes alternatives pour cela.  
  • Par quel moyen? Pense à un moyen de communication qui est plus facile pour toi ; écrire une lettre et la lire à voix haute à la personne à qui tu souhaites te confier, échanger par textos plutôt qu’en face à face, contacter une ressource anonyme pour éviter qu’on puisse t'identifier, etc. Lire ou écouter les témoignages d’autres jeunes qui vivent les mêmes choses que toi peut aussi te convenir pour le moment.  
  • Comment commencer? Si tu as de la difficulté à trouver les mots pour commencer à te confier, une première étape simple peut être de dire : « C'est difficile pour moi, mais j'ai besoin de te parler de quelque chose ». Tu peux aussi nommer tes craintes : « J'ai peur d'être jugé.e en disant cela, mais j'ai besoin de quelqu'un qui m'aide...». Nommer comment tu te sens avant d'entrer dans le vif du sujet met les bases pour que l'autre personne soit déjà plus empathique et consciente du courage que ça te demande de lui parler.  

 

Est-ce que les gars demandent aussi de l’aide?

Oui! Chaque année, des milliers de garçons contactent Tel-jeunes. Ils parlent de sexualité, d’anxiété, de peine d’amour, de conflits avec leurs parents ou de tout autre sujet qui les intéresse.  

 

Les hommes et les garçons demandent souvent moins d’aide, mais ce n’est pas parce qu’ils en ont moins besoin. C’est plutôt qu’on leur a appris qu’être masculin, c’est être forts et être capable de faire face à leurs problèmes par eux-mêmes, sans se laisser envahir par leurs émotions. On dit que cette vision de la masculinité est toxique, parce qu’elle nuit aux garçons qui peuvent craindre de se faire ridiculiser ou se sentir inadéquats s’ils parlent de ce qu’ils vivent et ressentent. Dans les faits, les hommes ont aussi besoin de parler de leurs problèmes. 

 

Est-ce qu’il y a des moyens de parler avec d’autres jeunes qui me comprennent vraiment?

Absolument! C’est plus facile pour plusieurs personnes de s’ouvrir à quelqu’un qui leur ressemble. T’impliquer dans des comités de ton école ou dans des activités parascolaires peut te permettre de rencontrer de gens qui ont des vécus et des intérêts similaires aux tiens avec qui tu pourrais te sentir davantage compris.e. Il y a aussi des forums anonymes comme le Forum - Espace TJ où tu peux recevoir les avis d’autres jeunes sur n’importe quel sujet qui t’intéresse et des trucs très concrets de ceux et celles qui ont réussi à se sortir de situations semblables à la tienne. Finalement, il y a notre clavardage Jeune d’expérience où tu peux parler avec un.e autre jeune qui est sorti.e de l’adolescence depuis peu, un peu comme tu le ferais avec un.e ami.e.

 

Est-ce que mes parents sont obligé.e.s de savoir que je consulte?

Non, tu peux utiliser les services de Tel-jeunes, d’un autre organisme ou d’une maison de jeunes ou de ton école sans que tes parents le sachent. Par contre, si tu souhaites consulter un ou une professionnel.le sur une plus longue durée et que tu as moins de 14 ans, tes parents devront donner leur accord. Apprends-en plus ici. 

 

Quelques ressources pertinentes 

My Mental Health Matters 

Pour les jeunes issu.e.s de cultures diverses qui veulent en apprendre plus la santé mentale et trouver des professionnel.le.s racisé.e.s dans la grande région de Montréal. 

 

Le Répertoire d’Interligne 

Pour trouver des lieux et des ressources sécuritaires pour les personnes LGBTQ+, dans toutes les régions du Québec.

Philippe nous parle de masculinité